Fidèle à la tradition, un club de rugby local fête l’arrivée du beaujolais nouveau dans la bonne humeur et la camaraderie propres aux équipes sportives. L’un des joueurs souffre d’asthme, mais il est en bonne santé et sa carrure impressionne. Après cette soirée bien arrosée, il rentre chez lui et se couche dans un état d’ébriété avancé. Pris d’une crise d’asthme, il décédera la nuit même. 

Ce genre de témoignage est malheureusement loin d’être isolé : chaque année, des centaines d’asthmatiques ne parviennent pas à gérer leur crise sous l’effet de l’alcool. Ils peuvent alors paniquer puis s’étouffer s’ils ne sont pas pris en charge à temps. Rappelons que la majorité des crises d’asthme a lieu la nuit, réduisant grandement le temps de réaction du sujet.

Sulfites et histamine en cause

Comme les sportifs, les jeunes asthmatiques sont plus exposés que d’autres aux effets de l’alcool : leurs bronches, déjà sensibles, sont irritées par la surconsommation de boissons alcoolisées. Deux substances sont pointées du doigt : l’histamine et les sulfites. La première molécule – présente dans le chocolat, les fromages ou les poissons – n’est pas dangereuse tant que le corps parvient à l’éliminer.
Certains organismes, en revanche, n’arrivent pas à évacuer cette molécule : elle peut alors s’accumuler et provoquer une sensation l’étouffement. Mais ce sont surtout les sulfites, ces molécules présentes dans le vin, que l’on juge responsables de la plupart des
décès. Elles déclenchent des crises d’asthme chez environ 35 % de personnes sensibles des bronches (selon la Fédération européenne des associations d’allergiques et d’asthmatiques) en accentuant les symptômes de la pathologie : sensation d’oppression, irritations, sifflements à l’expiration…

Vigilance accrue pour les jeunes

Les adolescents ont du mal à définir leurs limites et tombent parfois dans l’excès : les jeunes asthmatiques doivent surveiller leur consommation d’alcool – de vins rouges et blancs, notamment – plus encore que d’autres jeunes de leur âge. Depuis 2005, les producteurs sont tenus de mentionner la présence de sulfites sur l’étiquette de leurs bouteilles : gare aux vins qui dépassent les 10 mg/kg !
Tous les alcools ne sont pourtant pas à proscrire. Il s’agit surtout de boire modérément, et de traiter son asthme en profondeur sans uniquement compter sur l’effet immédiat de l’inhalateur.

Chiffres clés ///

30 MILLIONS d’asthmatiques en Europe dont 6 millions souffrent de symptômes sévères.
Ce nombre a doublé depuis dix ans.
22% des décès de 15 à 35 ans sont directement ou indirectement dus à l’alcool.

 

 

Source : Bonne Santé Mutualiste n° 69 – Avril 2015