On le dit et on le répète, le sport est bon pour la santé.
Mais pourquoi est-ce si bénéfique ? Le sport n’est peut-être pas tant une question de performance du corps qu’une question d’harmonie globale. Il peut être vu comme une tentative de dépassement de soi, comme un art de vivre (avec ses règles et ses codes), comme un acte de sociabilité ou encore comme une fin en soi, le moyen de se découvrir par l’exercice ?

Diverses études l’ont montré : bouger régulièrement réduit le risque de diabète, d’accident vasculaire cérébral ou d’une crise cardiaque, prévient certains cancers, fortifie les os, renforce les muscles et les capacités respiratoires, réduit les risques de chutes et de fractures chez les personnes âgées, aide à contrôler l’excès de poids, améliore le moral.
Selon une enquête menée par l’institut CSA, trois Français sur quatre considèrent que le sport et les déplacements actifs, à vélo ou à pied, leur apportent du bonheur.

Une quête

Ce lien entre activité physique et bien-être explique sans doute les résultats qu’ont fait paraître en novembre 2016 dans le British Journal of Sports Medecine des chercheurs finlandais, britanniques et australiens qui ont étudié l’association entre différents types d’activités physiques et la mortalité chez 80 306 adultes britanniques : le risque de décès prématuré (toutes causes confondues) est réduit de 15 % pour ceux qui pratiquent le cyclisme, de 27 % pour l’aérobic, la gymnastique et la danse, de 28 % pour la natation et de… 47 % pour les sports de raquette (tennis, badmington, tennis de table) ! Bref, des activités physiques souvent pratiquées en plein air, qui permettent d’être au plus près de la nature, qui vont généralement de paire avec la quête d’une qualité de vie.
La tradition occidentale a longtemps exclu la dimension corporelle du bonheur, pour preuve les maladies de civilisation que sont les lombalgies, la dépression, le stress. Or le sport est de plus en plus vécu comme un art de vivre, synonyme d’harmonie, de recherche d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, de dialogue avec la nature. Comme un moyen d’y parvenir.

Se reconnecter à soi

Au-delà du souci de soi, de se maintenir en bonne santé, d’avoir une certaine hygiène de vie, le sport semble pour beaucoup répondre à l’injonction philosophique « connais-toi toi-même ». Les psychologues estiment qu’il peut permettre de connaître le soi psychologique, mais aussi le soi somatique, qui nécessite une expérience vécue que l’exercice et l’effort offrent : l’activité physique nous fait ressentir nos limites… comme nos potentialités. C’est donc un certain rapport à soi que l’activité physique fait découvrir, un rapport à soi libéré de la pensée et de l’intellect, plus intuitif. D’ailleurs Rousseau ou Nietzsche recommandaient l’activité physique à des fins méditatives… Mais c’est aussi un rapport à soi libéré du corps lui-même.
Une pratique sportive peut en effet faire entrer dans ce que les spécialistes appellent “expérience optimale” ou “flow” en anglais : le sportif est dans un état de concentration totale, si bien qu’il ne ressent plus son corps ; il est complètement absorbé dans l’activité. Les athlètes décrivent cet état comme un second souffle, une sensation de voler ; Sans être un sportif de haut niveau, on peut “alléger” son corps de ses maux, car faire du sport libère les tensions. Mais s’il est bon pour le moral, ce n’est pas tant grâce à ses effets antalgiques  qu’à ses effets euphorisants.

Un effet euphorisant

Une étude baptisée SMILE (Sourire) a montré qu’une activité physique modérée peut avoir les mêmes effets bénéfiques que la prise d’antidépresseurs mais avec des effets psychologiques plus durables. L’expérience a été menée sur des groupes de quinquagénaires souffrant de dépression. Le premier groupe s’est vu prescrire des séances d’aérobic, le second des antidépresseurs médicamenteux, le troisième, les deux à la fois.
Quatre mois plus tard, les chercheurs ont constaté que les groupes avaient le même niveau de réussite (l’exercice physique est par  conséquent aussi efficace que les traitements pharmaceutiques) mais que c’est le premier groupe qui a connu le moins de rechute six mois après cette expérience. La raison ? L’activité physique libère des endorphines qui ont un effet euphorisant et analgésique, bien connu en particulier des sportifs d’endurance. Cette hormone du bien-être procure un sentiment de détente et une joie intense qui perdurent plusieurs heures après l’exercice. La présence accrue d’endorphine dans l’organisme explique en outre le sentiment de contrôle et de maîtrise de soi que procure le sport, un effet renforcé par l’augmentation de sérotonine, hormone de la régulation de l’humeur (dont le taux est en baisse chez les sujets dépressifs). Bref, la pratique régulière physique agit comme un antidépresseur naturel.

Exercer le corps, exercer l’esprit

Tous ces effets bénéfiques, nous les ressentons lorsque nous reprenons une activité physique, à la faveur de vacances : on se sent renaître. Le sport transforme. Mais il forme également. L’EPS à l’école est une discipline obligatoire (de la maternelle au lycée) parce que les élèves apprennent par le corps en cherchant à se dépasser, à faire des performances, à élaborer des stratégies dans des jeux individuels et collectifs. Ils acquièrent des techniques, des compétences, des méthodes. Enfants, ils gagnent en liberté de mouvement, apprennent à se connaître et à contrôler leurs émotions ; adolescents, ils se désinhibent et développent leur personnalité plus sereinement. Au-delà du bénéfice de ces transformations à la fois physiques et psychologiques, le sport est indispensable pour exercer aussi l’esprit. Une étude a montré expérimentalement qu’ajouter des heures de sport à l’école permet d’améliorer les résultats scolaires des enfants, même lorsque cela demande de supprimer des heures aux autres disciplines.
On sait également que l’activité physique permet de préserver les fonctions cognitives chez les adultes. Les plus de 60 ans pratiquant régulièrement de multiples activités dont l’exercice physique, présentent statistiquement moins de risque de développer des maladies neurodégénératives, telle la maladie d’Alzheimer, mais surtout qu’ils ont un mode de vie plus sain, plus joyeux, que ceux qui sont plus sédentaires. Faire de l’activité physique un art de vivre, c’est rester en mouvement, au sens propre comme au sens figuré…

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En chiffres

11% des français ne pratiquent aucun sport,
20% une fois par semaine,
65% une fois par mois,
5% pendant les vacances.
47% des individus pratiquent des sports dits de Nature (randonnée, VTT, sports nautiques et aériens).

La Bretagne, les deux Savoie et l’Isère sont les départements / régions où l’on compte le plus de licenciés par habitants.

LE SPORT SUR ORDONNANCE…

Preuve que l’activité physique est considérée aujourd’hui comme un facteur aussi déterminant que la nutrition, l’expérimentation de la prescription médicale d’activité physique sur le territoire Biarritz Côte Basque pour toute personne sédentaire, présentant ou non une pathologie chronique.
Un projet pilote a été testé pendant six mois auprès d’une vingtaine de médecins prescripteurs de Biarritz et des environs, qui devaient évaluer le degré de sédentarité de leurs patients et les inciter à pratiquer une activité physique en les orientant auprès d’éducateurs médico-sportifs de Biarritz Sport Santé et d’éducateurs de 10 associations partenaires formés spécifiquement à cet effet. Chaque bénéficiaire a reçu un podomètre et un Pass’sport Santé pour suivre les activités proposées pendant les 12 semaines du programme : Marche nordique, Aquagym, Pilates, Renforcement musculaire, Gym douce, Surf, Stand up Paddle, Randonnée pédestre, Marche Active, Gym active, Qi gong, Condition training, Karaté traditionnel et Marche aquatique. Les résultats sont encourageants puisque les bénéficiaires, à l’issue de leurs 12 semaines de programme, ont tous repris durablement une activité physique dans une association sportive !

Bougez, courez pour se forger un mental

Si l’on détermine bien l’importance des propriétés du sport sur la santé physique, son impact sur le mental l’est aussi. Pour Boris Cyrulnik, psychiatre, « lorsqu’on entraîne son corps, on stimule son cerveau : on en a la preuve grâce à la neuro-imagerie ». Le phénomène est expliqué par l’adrénaline, hormone provenant du stress et du sport. Quand on fait du sport, on s’entraîne au stress et on en devient plus résistant éloignant ainsi le risque de basculer dans la dépression. Les sportifs seraient mieux préparés à affronter les moments difficiles de la vie.

Les sports les plus pratiqués sont souvent les plus naturels

Gare à la bigorexie

Si le sport est devenu un mode de vie, ce qui explique les nombreuses ouvertures de salles de sport et une offre associative plus large, il peut occasionner une véritable dépendance.
La “bigorexie” qui désigne l’addiction à l’exercice physique et a été baptisée ainsi par le docteur William Glasser, a officiellement été reconnue comme une maladie depuis septembre 2011 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette dépendance au sport peut toucher toute personne pratiquant une activité sportive à trop forte dose pour son corps et dont la vie est entièrement tournée vers cette activité, au détriment de sa vie sociale, familiale, professionnelle. Les disciplines les plus concernées sont le culturisme et les sports d’endurance. Les risques encourus de la bigorexie sont principalement des déchirures musculaires et atteinte, tendineuse, à répétition, l’infarctus mais surtout le risque d’épuisement général sous dépendance de produits dopants. Comme dans les autres formes d’addiction, l’activité sert à abroger une souffrance (présence d’une faille narcissique, vide affectif ou professionnel, obsession de la minceur…). Or le sport doit rester un plaisir. C’est le sens même du mot, tiré de l’ancien français desport, “plaisir”, “jeu”, “divertissement”.

Source : Bonne Santé Mutualiste n°76, janvier 2017