Dans le feu de l’action, on est parfois tenté d’”oublier” ce préservatif si inconfortable. Désir, alcool, angoisse de ne pas être à la hauteur…
et voilà qu’il reste dans un tiroir. En cette Journée Mondiale de la Contraception, faisons un point sur cette question.
Ces dernières années, le recours à la contraception s’est généralisé : plannings familiaux, campagne de prévention, sensibilisation en milieu scolaire… Des publicitaires au gouvernement, en passant par l’école, tous se sont immiscés dans la chambre de nos ados.
Malgré tout, le taux d’IVG ne décroît pas : 33 % des Françaises y auraient recours au moins une fois dans leur vie, soit 200 000 avortements tous les ans. Les ados sont certes informés, mais ces méthodes de contraception leur sont-elles encore adaptés ?
Pilule oubliée, préservatif qu’on redoute d’enfiler…
Un fossé sépare donc les cours théoriques d’éducation sexuelle des situations réelles : en réalité, seuls 46 % des jeunes européens se disent très bien informés sur tous les moyens de contraception possibles.
Idées reçues tenaces
Les scandales de thromboses veineuses provoqués par les pilules dernière génération, les risques d’infections liés au stérilet ou encore l’idée que la pilule du lendemain rendrait stérile… Tous ces clichés véhiculés par les médias ont la vie dure. Résultat, le recours aux méthodes “naturelles” comme la méthode Ogino (basée sur le calcul des cycles d’ovulation) ou celle du retrait a augmenté ces dernières années. Entre ces méthodes naturelles à risque et le bon vieux préservatif, peu d’alternatives s’offrent alors aux ados. Et pour cause, les centres de planning familial ne peuvent délivrer que les contraceptifs gratuits, rayant ainsi de la liste l’anneau vaginal, patch ou l’implant. La question, réglée en 2 heures lors du cours d’éducation sexuelle, n’est pas plus abordée chez le médecin généraliste qu’avec les parents. Alors, vers qui peuvent se tourner les ados pour leur première contraception, sinon vers un distributeur automatique au moment le moins opportun ? On pense trop peu aux infirmiers, qui peuvent renouveler les prescriptions de pilules datant de moins d’un an. Les adolescents trouveront aussi une oreille attentive au planning familial le plus proche ou en appelant anonymement le Fil santé jeune (32 24). Mais c’est surtout en brisant les tabous qui entourent la contraception qu’ils pourront avoir accès à des solutions adaptées à chacun et faire évoluer les idées reçues des gynécologues qui, sans évoquer d’autres alternatives, prescrivent encore des pilules à tour de bras.
Source : Bonne Santé Mutualiste n° 71, octobre 2015