Longtemps considérée, à tort, comme une manifestation due à leur âge, les adolescents sont sujets eux aussi à la dépression. Si les causes et les symptômes sont multiples et complexes, il est donc aussi important d’en repérer les signes souvent masqués, et d’éviter qu’elle ne s’aggrave.

« Je restais prostrée pendant des heures et j’évitais de croiser mon regard dans la glace, je ne voyais plus mes amies », « j’avais besoin de boire pour être mieux », « je n’entendais plus ma mère quand elle me parlait, je ne voulais qu’une chose, être à mon clavier »… Les témoignages de souffrance des adolescents, les mots qu’ils lâchent enfin, dans le cabinet des médecins spécialistes, sont autant de délivrance de l’enfermement typique de la dépression. Si pour la plupart, les adolescents parviennent à vivre avec les troubles liés à leur âge, grâce à leurs amis, la scolarité, et leurs activités, et à affirmer pleinement leur personnalité, certains tombent dans les pièges de la dépression. Cet état peut amener aux addictions (drogue, alcool), à l’irritabilité, à la violence, voire au suicide.

Pensées morbides et suicidaires…

Cependant, parmi cette liste figurent des marqueurs plus spécifiques à la dépression adolescente. Ainsi on caractérise l’irritabilité, plus que la tristesse comme humeur prédominante. L’hostilité, la frustration sont des signes régulièrement identifiés comme symptômes. De même les douleurs inexpliquées (maux de tête ou d’estomac) peuvent signaler après examen physique une cause dépressive. La détérioration de la relation avec l’entourage face aux critiques, un adolescent dépressif surmontera mal le rejet ou l’échec. La distanciation avec certains amis de longues dates et des parents, le refus de socialisation, le désoeuvrement sont des sémaphores indiquant la souffrance de l’adolescent.

… et les problèmes qui en résultent.

Dans ce passage bien délicat un adolescent dépressif peut rapidement choir dans des comportements à risque. Troubles alimentaires (anorexie, boulimie), automutilation, délinquance, imprudence, faible estime de soi sont les maux les plus fréquents. Sans omettre l’abus de substances, dont les consommations nuisibles à la santé peuvent créer des séquelles irréversibles comme l’alcool, médicaments (hypnotiques, anxiolytiques), drogues.

Comment s’alerter ?

L’évaluation du degré des symptômes de la dépression ne peut être pratiquée que par un thérapeute spécialisé (psychiatre, pédopsychiatre…). Après diagnostic s’ensuivra une prise en charge de suivi psychologique, voire un traitement médicamenteux. En tous les cas, la vigilance est de mise, et consulter ne doit pas être un frein, la santé d’un adolescent nous appartient aussi…

Des signes à ne pas négliger…

Souvent dissimulée parmi les manifestations normales de l’adolescence (période de conflits, désir d’indépendance, stress  morphologique), la dépression de l’adolescent se caractérise par des changements profonds et durables de l’humeur et du comportement. Son entourage peut s’inquiéter lorsqu’on observe depuis longtemps ces principaux signes :
• Tristesse
• Hostilité, colère systématique, violence verbale
• Pleurs fréquents
• Isolement avec son entourage familier
• Désintérêt chronique
• Trouble alimentaire, rythme du sommeil
• Culpabilité, faible estime de soi
• Démotivation
• Atonie générale
• Indécision, manque de concentration

 

Source : bonne Santé Mutualiste n° 64, Janvier 2014