« Pour être studieux, solides, forts et vigoureux, buvez du lait ! » lançait Pierre Mendès France aux écoliers lors de la grande distribution de lait dans les établissements scolaires en 1954. Pourtant, 62 ans après et trois générations plus tard élevées au lait, les controverses sont nombreuses autour de ses bienfaits.
Effectivement, tout le monde sait que « les produits laitiers sont nos amis pour la vie », selon le ministère de la santé, et notamment parce que le lait contient des protéines, des vitamines, des micronutriments (comme le calcium), et des acides gras, qui sont essentiels pour une bonne santé. Alors, par sa contenance en calcium, le lait constitue un solide capital osseux, ralenti le vieillissement des os, favorise la transmission des messages nerveux et la régulation des battements du cœur. Mais également, et grâce aux vitamines, dont les vitamines D et K, le lait peut protéger contre l’ostéoporose, si bien sûr il est accompagné d’exercices physiques.
Ce ne sont pas les seuls apports de ce breuvage car selon certaines études, des substances contenues dans le lait pourraient avoir un effet bénéfique sur les cellules cancéreuses, comme certaines bactéries qui pourraient protéger contre le cancer du colon et de la vessie. Et bien sûr, le lait de vache, avec tout ce qu’il contient, est nécessaire à la croissance de l’enfant.
La banque de calcium
Ainsi, par ses qualités nutritionnelles, le lait est la principale source de calcium, indispensable pour répondre aux apports recommandés, selon l’Académie Nationale de Médecine. C’est pourquoi, le ministère de la santé préconise de consommer « 3 produits laitiers par jour » à travers ses campagnes publicitaires. Ce slogan est également repris par le CNIEL, le Centre National Interprofessionnel de l’Economie laitière – notamment parce que certaines campagnes de promotion sont cofinancées par les pouvoirs publics français et européens. De fait, l’un des buts du CNIEL est « de promouvoir collectivement le lait et les produits laitiers auprès des consommateurs pour contribuer au développement des ventes et anticiper les attaques contre le secteur… », selon leur site internet.
Alors, le CNIEL – financé par les cotisations des producteurs et des transformateurs, et par le cofinancement des pouvoirs publics – se bat afin d’installer le repère de santé publique « 3 produits laitiers par jour ». Or, les français n’en consomment, en moyenne, que 2,1 par jour.
Pas une énorme différence donc au niveau de la consommation et de l’impact sur la santé, mais « plus de deux milliards de litres de lait par an de différence pour le profit des producteurs et transformateurs laitiers », selon Léon Guégen de l’INRA.
Les controverses du lait
Au delà de cela, les vertus des produits laitiers sont régulièrement remises en question par différentes études. En effet, le lait, notamment à cause de la présence de “facteurs de croissance” – qui permettent aux petits veaux de gagner une centaine de kilos en quelques mois – inquiète car ils pourraient être néfastes pour les adultes, en particulier pour le cancer colorectal, de la prostate ou du sein, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire.
Selon l’école de santé publique de Havard, des études doivent être encore réalisées pour déterminer l’impact d’une forte consommation de lait et de calcium sur le risque de développer un cancer.
De plus, un débat est ouvert sur les possibles effets nocifs des produits laitiers sur le diabète ainsi que sur les maladies cardiovasculaires. Pour ces dernières, l’Agence nationale de sécurité sanitaire recommande de limiter les acides gras saturés, or près de 70% des graisses contenues dans le lait sont saturées.
Pour Yves Chilliard, directeur de recherche en nutrition animale à l’Institut national des recherches agronomiques « certains acides gras spécifiques du lait peuvent avoir des effets bénéfiques sur la santé, d’autres pourraient avoir des effets négatifs ». Voilà qui résume les controverses sur les produits laitiers en général.
Le lactose, pas pour tout le monde
En fonction de la tolérance au lactose de notre corps, nous ne sommes pas tous capables de digérer le lait. Cette capacité à digérer le lactose – sucre présent dans le lait – est le résultat d’une mutation due à la naissance de l’agriculture. Logiquement, la tolérance au lactose est à son apogée au début de la vie, puis décroît avec les années.
Malgré cela, les intolérances varient selon les personnes, et peuvent entraîner des ballonnements, des diarrhées ou des maux de ventres. Et c’est pourquoi, beaucoup se tournent vers un lait alternatif : le lait végétal.
Source : Bonne Santé Mutualiste n° 76, janvier 2017