On a tous en tête l’image d’Amélie Poulain qui plonge ses mains dans les sacs de grains. Pourquoi ne pas faire la même chose avec la terre ? Ce contact direct apporte assurément un sentiment de plénitude, d’apaisement et de bien-être, proche de la définition de la santé que donne l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social ». Base des actions de prévention des mutuelles de Livre III, cette définition s’applique donc aussi aux jardins thérapeutiques.

Si les jardins thérapeutiques se multiplient depuis une dizaine d’années, ce n’est pas uniquement par souci d’esthétisme. En effet, ces oasis de verdure sont à la fois bénéfiques pour l’esprit et pour le corps.
Aujourd’hui reconnus comme outils thérapeutiques favorisant santé et bien-être, on en trouve dans les centres de soins, les maisons de retraite, les écoles ou encore les hôpitaux psychiatriques. Intégrés à l’intérieur de ces lieux de soins ou d’apprentissage, ils apportent une plus-value non négligeable à la prise en charge des personnes, malades ou non.

Le jardinage, un bouquet de bienfaits

En effet, suite aux études scientifiques de Roger Ulrich dans les années 1980, le jardinage est reconnu comme comportant de nombreuses vertus psychologiques. Outre le simple plaisir de se promener, il aide à évacuer le stress et à se concentrer sur ses gestes… ou au contraire à se détendre, à lâcher prise et à reposer son esprit.
Les séances de jardinage, en plus d’être gratifiantes et de générer chez l’auteur du travail accompli fierté et estime de soi, permettent de renouer avec la nature et de reprendre conscience du cycle des saisons ainsi que des plaisirs simples qu’elles nous offrent. Les jardins thérapeutiques représentent aussi une invitation à la rencontre de l’autre.
Lieux de créativité, on y partage ses savoir-faire autant que l’on y apprend les méthodes de son voisin : on y cultive donc ses fruits, légumes, plantes ou fleurs autant que le respect du vivant, des valeurs de solidarité et de convivialité.

Un esprit sain dans un corps sain… de jardinier !

Bien-être mental et santé physique étant étroitement liés, le jardinage présente aussi de nombreux effets bénéfiques pour le corps.
Donnant lieu à diverses activités et travaux extérieurs, il permet de retrouver une bonne qualité de sommeil. Il incite à marcher et à se dépenser, autrement dit à faire fonctionner ses articulations et ses muscles.
Semer, bêcher ou encore utiliser la brouette sont autant d’activités contribuant à réduire la pression artérielle et les tensions musculaires, et à rétablir un rythme cardiaque équilibré.
Enfin, ces jardins constituent un environnement stimulant pour chacun des sens : la vue (couleurs et formes variées), le toucher (textures des plantes et relief de la terre), l’odorat (parfums des fleurs ou des plantes aromatiques), l’ouïe (bruissement des feuillages ou chants des oiseaux) et le goût (saveurs des fruits et légumes cultivés).
Ainsi, si le jardin est une source d’équilibre aux bienfaits multiples pour les personnes ne présentant pas de pathologie particulière, il l’est a fortiori pour des sujets souffrant de handicaps mentaux ou physiques, ou pour les résidents de centres de soins.

Mon petit coin vert

Le jardinage permet de tisser des liens… notamment, à Lille, entre start-up et ESAT (établissement et service d’aide par le travail) !
En effet, les entrepreneurs de Mon Petit Coin Vert, petit e-commerce de box de jardinage par abonnement, ont choisi de confier la partie logistique de leur activité aux personnes en situation de handicap mental de l’association Les Papillons Blancs.
Autour de la préparation des sachets de graines bio, cela fait ainsi plus d’un an que les deux structures collaborent, permettant à l’ESAT de Lille d’employer 1 à 2 personnes à temps plein, et à plus de 1 000 commandes d’être délivrées tous les mois à d’heureux jardiniers !

Des jardins pour partager

Descendants directs des jardins ouvriers, les jardins partagés ne cessent de gagner en popularité ! S’ils permettent aux habitants de développer à la fois la “culture” de la terre, de renouer un lien physique avec la nature au cœur de la ville, ou encore d’adopter une alimentation plus saine et choisie, ils constituent surtout un lieu central de partage et de solidarité entre les habitants d’un même quartier, qui y consacrent autant de temps à cultiver leurs fruits et légumes qu’à dialoguer et à tisser des liens. Échappatoire efficace à l’anxiété et au rythme effréné de la ville, les jardins partagés permettent de suspendre le temps, pause au cours de laquelle apprendre à connaître son voisin, en discutant ou en silence, devient possible. Véritables lieux de rencontre, ils favorisent donc autant les échanges de techniques et de savoir-faire que les initiatives collectives !

Source : Bonne Santé Mutualiste n° 86, juillet, août 2019