Souvent cantonnées principalement dans un rôle de couverture du “reste à charge”, les mutuelles occupent pourtant un rôle plus qu’actif dans le domaine de la prévention. Une culture bien ancrée qui s’inscrit dans la continuité de leur raison d’être historique : favoriser l’accès de tous à la santé. Et si le premier soin, c’était prévenir ?

Avec un système de protection sociale qui s’est centré sur une approche de plus en plus curative de la maladie, avec le désengagement de la Sécurité Sociale et son cortège de déremboursements, la part des dépenses de santé prise en charge par les complémentaires santé a augmenté.
Parmi celles-ci le poids des maladies chroniques est lourd. Des maladies dont l’incidence augmente avec les facteurs comportementaux que sont l’alimentation, le tabac, l’alcool, le manque d’exercice physique. Aussi les mutuelles misent doublement sur la prévention : d’une part parce que l’accès à la santé reste le maître-mot des structures mutualistes et d’autre part parce qu’il vaut mieux investir dans la qualité de vie que dans le remboursement de soins curatifs…

Mille et une façon de promouvoir des comportements responsables de santé

Les mutuelles, via des structures dédiées à la gestion des réalisations sanitaires et sociales, gèrent environ 2 200 services de soins et d’accompagnement : centres optique, centres dentaires, établissements pour les personnes âgées, centres d’audioprothèse.
Faciliter l’accès aux consultations est déjà en soi un acte de prévention : le renoncement aux soins et les diagnostics tardifs sont un facteur d’aggravation de l’état de santé.
La politique de remboursement des mutuelles visent ce même objectif : elles ont, par exemple, très tôt innové dans la prise en charge des médecines douces ou naturelles (osthéopathe, microkinésithérapeute, naturopathe, pédicure…). Mais les mutuelles ont parallèlement développé une conception de la prévention au sens large qui intègre, comme la définition de la santé de l’OMS, le bien-être physique, psychologique, social, environnemental… Ceci passe par l’action sociale, des services de loisirs-vacances, la promotion d’une bonne hygiène de vie et de la pratique sportive.

L’atout de la proximité

Pour les mutuelles, en matière de promotion (éducation à la santé, actions pour renforcer la participation de patients) et de prévention à proprement parler (lutte contre le tabagisme ou l’obésité, conditions de travail, santé bucco-dentaire…), il s’agit d’aller au-delà des campagnes nationales en proposant à leurs adhérents des actions de prévention personnalisées, des journées de dépistage, des ateliers en petits groupes et à proximité de chez eux. Des actions très concrètes qui donnent corps aux messages d’information plus généraux délivrés par les instances nationales. Aujourd’hui, les partenariats se multiplient d’ailleurs entre les acteurs de la prévention, les associations profitant du maillage territorial des mutuelles, et les mutuelles bénéficiant de leur expertise. Ces modalités – proximité, petits groupes – constituent une alternative aux campagnes nationales intéressante à plus d’un titre. La très grande majorité des démarches de prévention est construite en jouant sur l’information. Plus d’un Français sur trois (36%) s’estime d’ailleurs mal informé concernant les maladies contre lesquelles ils sont potentiellement à risques. Pour autant, disposer de l’information ne suffit pas à faire changer les comportements.

De l’information à l’action

« Nous savons tous que fumer tue, que manger gras et sucré augmente la prévalence de certaines maladies et fait grossir… Bien évidemment, il faut s’assurer que chacun a bien connaissance des risques : l’information est nécessaire. Mais elle n’est pas suffisante. » explique Morgan David, sociologue et docteur en sciences comportementales. « Elle ne constitue pas en soi une action de prévention, dans le sens où elle n’induit pas un changement de comportement. » Pour preuve, pour plus de 9 Français sur 10 (92 %), une prise de conscience collective concernant les bienfaits de la prévention santé est urgente (étude Ipsos avril 2017). Et cependant, les Français restent assez peu nombreux à adopter des comportements préventifs.

Source : Bonne Santé Mutualiste n° 79, Octobre 2017