Face au vieillissement de la population française et à la multiplication des maladies chroniques, près de 11 millions de personnes s’occupent d’un parent ou d’un proche malade en perte d’autonomie. Avec le développement de la médecine ambulatoire et des soins à domicile, la question de la santé de ces aidants quotidiens est devenue un enjeu de santé publique. Alors, qui aide les aidants ?
S’il n’y a pas encore d’étude sur l’impact de l’aide sur la santé des aidants, les témoignages montrent qu’ils souffrent de nombreux maux. Une étude de 2012 montre que plus de 20% ressentent une charge importante du fait de leur activité. Troubles du sommeil, épuisement, maux de dos et douleurs articulaires, stress, isolement, dépression… sont les maux qui reviennent le plus souvent. Aider peut fragiliser, et ce n’est pas anodin.
Un problème de santé publique
On estime qu’en 2060, plus d’un tiers de la population sera âgé de plus de 60 ans, soit plus de 23 millions de personnes.
La prévalence des affections de longue durée (ALD) prises en charge par la Sécurité sociale est, elle aussi, en très nette augmentation.
Au regard de ces chiffres, le nombre d’aidants ne fera qu’augmenter dans les années à venir. Clé de voûte de l’accompagnement et de la continuité des soins pour les personnes souhaitant finir leur vie chez eux, les proches aidants voient leur vie chamboulée à la lumière de ces nouvelles responsabilités de solidarité.
Les SSIAD, au plus près de l’aidant
Intervenant chez les personnes sur prescription médicale, les équipes pluridisciplinaires des SSIAD (Services de soins infirmiers à domicile), composées d’infirmiers, d’aides-soignants et d’aides médico-psychologiques (AMP), contribuent également au soutien des proches-aidants, comme le recommande l’HAS (Haute Autorité de Santé). L’aidant, s’il n’est pas le principal soigné, doit néanmoins faire l’objet d’une vigilance particulière quant à sa santé physique et morale. Au cœur du dispositif du SSIAD de l’Union des Mutuelles France Mont-Blanc, se trouvent l’écoute et la confiance, mais aussi l’information et le partage de connaissances et de savoir- faire.
Une fiche de suivi de l’aidant a été instaurée afin d’ajuster et d’améliorer l’accompagnement, et de repérer le moindre signe d’épuisement. L’équipe se réunit ensuite pour proposer des actions à mener en fonction des besoins spécifiques de l’aidant comme lui permettre de lâcher prise et de souffler de temps en temps.
LE RÉPIT, UN BESOIN VITAL
En 2015, la loi «Adaptation de la société au vieillissement » a instauré un droit au répit pour les aidants de personnes en situation de dépendance, avec près de 78 millions d’euros alloués à cette cause. Mais dans les faits, il est extrêmement difficile pour les accompagnants de faire une pause salutaire et de reprendre des forces, sans culpabilité ou sentiment d’abandonner leur proche. Les maisons de répit, dont la première s’est ouverte en France le 1er octobre dernier, semblent une alternative intéressante, car elles ne séparent pas les familles et permettent de sortir d’un quotidien éprouvant en étant pris en charge par une équipe spécialisée.
Source : Bonne Santé Mutualiste n° 84, Janvier 2019