« Il pleut tout le temps », « Il n’y a jamais de soleil »… On raille souvent la météo bretonne, considérée comme capricieuse et humide. Contre toute idée reçue, si le soleil se fait discret, il n’en est pas moins dangereux : la Bretagne est la région où le cancer de la peau sévit le plus.
Dans une étude datée de 2016, le Syndicat National des Dermatologues-Vénérologues (SNDV) et le Syndicat des médecins pathologistes français (SMPF) tirent la sonnette d’alarme : près de 3 fois plus de cas de mélanomes sont dépistés chez les habitants de la péninsule.
À la veille des vacances d’été, faisons le point sur les dangers du soleil breton et la nécessité d’un dépistage généralisé.
Un climat favorable et un phototype particulier
Dire que les Bretons ont moins à craindre du soleil que les habitants du Sud de la France est totalement faux ! En Bretagne, le soleil joue certes à cache-cache, mais il est bel et bien là. L’exposition est tout aussi intense que dans les autres régions de France, mais elle est masquée par un ressenti moins agressif du soleil. Le vent marin, si revigorant, les nuages bien présents, font que l’on est moins attentif à se protéger du soleil, néfaste pour les peaux claires. Les entrées maritimes et le fameux crachin breton sont autant d’accélérateurs à ces agressions. Et la plupart des Bretons d’origine celtique a un teint de peau de phénotype 1 ou 2, caractérisé par une peau et des yeux clairs qui supportent mal les rayons UV.
Un risque variable selon la tranche d’âge et des précautions à prendre
Selon cette étude, le risque est très variable selon les tranches d’âge. Les mélanomes sont plus fréquents à partir de 50 ans, notamment chez les hommes dans le département du Finistère.
Les nombreuses activités maritimes comme la pêche ou la navigation sont sans doute responsables d’une majorité d’entre eux.
On ne le répètera jamais assez, même si on ne ressent pas les effets du soleil, il est indispensable de s’en protéger : casquette, vêtements, lunettes et crème solaire sont de mises. Le rayonnement UV n’a rien à voir avec la température. La preuve, on attrape des coups de soleil même en hiver !
Les peaux claires auront tout intérêt à faire vérifier les grains de beauté régulièrement auprès d’un dermatologue. Pris à temps, le mélanome est relativement facile à traiter.
Un problème de santé publique
Chaque année, le mélanome touche plus de 1 300 personnes en Bretagne, soit près du triple de la moyenne nationale ! Alors que le taux de mélanome est de 14,7 cas pour 100 000 habitants en France, la Bretagne est bien au-dessus, avec 20,6 cas pour 100 000 habitants chez les hommes, et 18,9 cas chez les femmes.
C’est devenu pour l’Agence Régionale de Santé bretonne un véritable problème de santé publique, car le cancer de la peau est le seul en constante augmentation dans la région. Il est donc urgent de se protéger et de se faire dépister !
Source : bonne Santé Mutualiste n° 78, juillet/août 2017